L’histoire et l’évolution de Gaz de France sont si possible encore plus intéressants et captivants par rapport à celles de Edf. Voyons dans le détail ce qu’il s’est passé depuis la naissance de ce groupe.
L'activité de Gaz de France pendant ses premières années consiste à produire et distribuer du gaz de ville, ce gaz de synthèse était essentiellement produit dans des usines à gaz par distillation de houille. La découverte et la mise en exploitation du gisement de gaz naturel de Lacq à la fin des années 1950 permet à Gaz de France de réorienter son activité vers ce gaz qui a de nombreuses qualités, dont l'absence de toxicité, et d'abandonner progressivement le gaz de ville. Cet événement, qui survient au début d'une période historique de forte croissance de l'économie, permet de développer considérablement l'utilisation du gaz en France tant chez les particuliers que dans les entreprises. La principale préoccupation de Gaz de France est alors de pouvoir s'approvisionner en quantité suffisante de gaz naturel, celui-ci étant revendu sans problème tant la demande est forte. Les chocs pétroliers des années 1970 renforcent encore la volonté de la France de diversifier ses approvisionnements en énergie. L'entreprise s'efforce alors de tisser des liens économiques étroits avec les pays producteurs les plus proches : Algérie, Pays-Bas et URSS pour pouvoir assurer ses approvisionnements, le gisement de Lacq n'étant plus suffisant pour répondre à la forte demande en France. Dans cette optique, Gaz de France développe également le stockage de gaz naturel dans des réservoirs souterrains, soit à partir de structure géologiques naturellement adaptées (roche poreuse entourée de roches imperméables), soit en utilisant le principe de la cavité saline (on injecte de l'eau dans un gisement naturel de sel pour dissoudre ce sel et créer ainsi une cavité propice au stockage du gaz). Ces gisements s'avèrent d'une très grande utilité économique pour pouvoir pallier l'irrégularité de la fourniture par les producteurs étrangers, notamment l'URSS. À partir des années 1980, Gaz de France a réussi à sécuriser un niveau d'approvisionnement suffisant et l'entreprise renforce son activité commerciale pour augmenter ses ventes, notamment en essayant de développer de nouveaux usages du gaz naturel.
Le gisement de Lacq est actuellement considéré comme épuisé et GDF Suez importe désormais la totalité du gaz naturel qu'il commercialise.
Dans les premiers années 2000 Gdf sera au centre d’un débat qui impliquera toute la Nation Française, et qui déclenchera de nombreuses grèves et protestation : le facteur déclenchant est la volonté de la part du gouvernement Raffarin (Premier Ministre lors de la présidence de Jacques Chirac) d'ouvrir le capital de plusieurs grandes entreprises publiques à des intérêts privés.
Après plusieurs jours de protestations de la part des syndicats et des travailleurs, le gouvernement règle le coup et retourne sur ses pas : voici la déclaration du ministre de l’économie Nicolas Sarkozy devant l’assemblée nationale : « EDF-GDF ne sera pas privatisée, ni aujourd'hui, ni demain. Le gouvernement de la France veut que l'État conserve la majorité des parts de cette grande entreprise. Nous en débattrons d'ailleurs puisque la loi fixera un seuil minimum - il est aujourd'hui de 50 % - qui pourra ou non être relevé. » De fait, la loi 2004-803 du 9 août 2004, transforme l'EPIC (un établissement public à caractère industriel et commercial est une personne morale de droit public ayant pour but la gestion d'une activité de service public) en société anonyme et autorise sa privatisation partielle en limitant à 30 % la part d'intérêts privés.
Toutefois, la situation a continué d'évoluer. Officiellement pour contrer la menace d'OPA (une Offre Publique est une opération lancée par une société, un groupe financier ou une autre institution privée, sous forme d'une proposition faite au public de lui acheter, échanger ou vendre un certain nombre de titres d'une société, dans le cadre de procédures précises, réglementées et contrôlées par les autorités de bourse) hostile de l'Italien Enel sur le groupe privé Suez, le 25 février 2006 le gouvernement français de Dominique de Villepin annonce la fusion de GDF avec Suez. Dans le cadre de son discours sur le « patriotisme économique », le Premier ministre Dominique de Villepin annonçait alors la fusion du groupe public Gaz de France avec le groupe privé Suez. Cette fusion mettra près de 18 mois à se concrétiser devant la fronde des parlementaires de l'opposition et du centre. Pour permettre cette fusion, la loi relative au secteur de l'énergie prévoit, dans son article 39, la privatisation de Gaz de France. La participation de l'État devait ainsi baisser de 70 % (son niveau minimal prévu par la loi du 9 août 2004 relative au service public de l'électricité et du gaz et aux entreprises électriques et gazières) à 34 % environ. Elle prévoyait une parité d’échange de 21 actions Gaz de France pour 22 actions Suez.
*** à ce propos je voudrais intégrer l’histoire avec un article de presse qui remonte à l’époque des faits http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/gaz-de-france-suez-un-mariage-8127 ***
en France, une telle fusion est perçue comme une « privatisation déguisée » de Gaz de France car la participation de l'État devrait mécaniquement baisser non seulement en dessous du seuil de 70 % fixé par la loi de 2004 mais même en dessous des 50 % qui permettent à l'État de piloter la marche de l'entreprise. Le niveau exact de la participation publique dans l'éventuel ensemble fusionné est tributaire de la nature exacte de la fusion et des valorisations respectives des deux sociétés. De fait, la fusion des entreprises et la naissance du groupe GDF-Suez ne garantira à l'état qu'une minorité de blocage, avec plus de 35 % de participation au capital du groupe. Ce projet de fusion GDF-Suez a été critiqué aussi bien par l'ensemble de la gauche, qui craint la perte d'un des derniers moyens d'enrayer la hausse des prix connue depuis 3 ans, que par les gaullistes sociaux.
La loi n° 2006-1537 relative au secteur de l'énergie autorisant la privatisation de Gaz de France est finalement adoptée le 7 décembre 2006 après une bataille parlementaire qui verra l'opposition déposer plus de 140 000 amendements et le gouvernement menacer d'utiliser le « 49-3 » (adoption sans vote).
Les représentants du personnel de Gaz de France (Comité central d'entreprise, Comité central européen, ..) se sont à plusieurs reprises prononcés contre le projet de fusion. Selon eux, ce projet était avant tout politique et financier et ne contenait pas de projet industriel optimisé.
Juridiquement, il s'agit d'une absorption de Suez par Gaz de France. Politiquement, on parle de fusion entre égaux. Pratiquement, la taille et la puissance réelle des groupes, les schémas managériaux post fusion ainsi que les profils des dirigeants dessinaient une prédominance industrielle de Suez sur Gaz de France.
Plus d'un an et demi après l'annonce de leur rapprochement, Suez et Gaz de France ont officialisé le 3 septembre 2007 leur fusion qui a donné naissance à un nouveau géant énergétique européen, en même temps que Suez Environnement acquérait une existence distincte. Baptisée GDF Suez, l'entreprise pèse aujourd'hui plus de 80 milliards d'euros de chiffre d'affaires
Dans le cadre du processus de déréglementation des secteurs électriques et gaziers européens, Gaz de France était également un acteur du marché de l'électricité, ayant développé des offres combinées gaz naturel-électricité.
Toutefois, Électricité de France et Gaz de France ont toujours été deux entités juridiquement distinctes. Dans le cadre juridique ouvert par la nationalisation, elles partageaient entre elles un certain nombre de directions, notamment celle gérant le personnel et celle s'occupant de la distribution des énergies (électricité et gaz naturel).
Le processus de déréglementation a imposé la séparation juridique de certaines fonctions, identifiées comme des monopoles naturels. Ainsi successivement ont été filialisés les gestionnaires de réseau de transport, puis les gestionnaires des réseaux de distribution.
Avec la filiale distribution d'EDF, ERDF (Électricité réseau distribution France), GDF pilote un service commun aux deux entreprises, anciennement dénommé « EDF Gaz de France Distribution » (ex-« EDF GDF SERVICES »), qui est chargé de la gestion du réseau de distribution, et notamment des interventions sur le terrain (relevé de compteurs, mise en service, travaux, etc.).
L'appellation courante et historique « GDF » n’était plus utilisée de façon institutionnelle depuis 2003. Le groupe communiquait désormais exclusivement sous la marque « Gaz de France ». Cette abréviation GDF a toutefois été intégrée dans le nom du nouveau groupe GDF Suez.
Depuis juillet 2008, le groupe Gaz de France est devenu GDF Suez. La commercialisation du gaz auprès des particuliers et entreprises se poursuit sous la marque Gaz de France.
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